Faites l’Amour ?

Aujourd’hui, 14 février, on fête l’Amour. 

 

Des emails et textos commerciaux nous harcèlent depuis des semaines pour qu’on ne manque cette occasion d’aimer-consommer. Tandis que des panneaux publicitaires proposent de célébrer l’Amour en offrant un bouquet de fleurs à sa femme comme à sa maîtresse. 

 

Alors, que fête-t-on, au juste ? 

 

Qu’appelle-t-on “Amour” ? 

 

Difficile de répondre à la question, tant il règne aujourd’hui une forme de confusion : 

  • Un homme dont on dit élogieusement qu’il aime les femmes’est-ce ça l’Amour ? 
  • Aimer son mari en même temps que son amant, est-ce vraiment Aimer ?
  • « Tuer par amour » celle qui veut nous échapper, est-ce toujours Aimer ? 

 

Ainsi, Amour, passion et possession, commutent tels des synonymes. 

 

Comme si l’Amour nous avait semblé tellement inaccessible, qu’on avait fini par y renoncer.

 

On se résigne, on l’évince au profit de versions éphémères. Pire, on s’évertue à le démolir pour camoufler notre incapacité naturelle à l’atteindre.

Puisqu’on n’arrive plus à aimer, alors on fait l’amour à corps perdu comme pour se rassurer qu’il peut encore nous habiter. 

Désabusés, nous disons à nos enfants que “Papa et Maman ne s’aimaient plus”, imprégnant dans leurs petites têtes en formation que l’Amour est par nature atteint d’obsolescence programmée

 

 

La fin de l’Amour ?

 

Dans son ouvrage, La Fin de l’amour, la sociologue Eva Illouz aborde le phénomène du casual sex

« Forme légitime et revendiquée de sexualité sans lendemain, (le casual sex) est une nouvelle forme sociale définie comme une interaction éphémère, de courte durée, et où il n’y a aucune attente émotionnelle. Il y a juste une attente de plaisir, si possible réciproque, mais la mutualité n’est même pas exigée. C’est la sexualité telle qu’elle a été revendiquée depuis les années 1970, celle qui s’était désengagée de la morale chrétienne, qui montrait qu’on était libéré, qu’il n’y avait plus de contrainte morale ou de tabou. C’était surtout une façon pour les femmes d’être à égalité avec les hommes. »

 

Mais, en partant à la conquête de notre liberté sexuelle, savait-on ce qu’on perdrait au change ?

 

Réalisait-on qu’on allait gagner notre liberté sexuelle au prix de l’Amour ? 

 

Eva Illouz met ainsi en lumière l’effet boomerang du casual sex, ou comment la liberté sexuelle s’est finalement avérée préjudiciable en tout premier lieu pour les femmes : 

« Or, et c’est l’un des grands constats que je fais dans mon livre, la femme et l’homme ne participent pas de la même façon à cette sexualité. Ils ont des trajets et des identités émotionnelles différentes. Les femmes, qui sont sociologiquement responsables du soin, des relations affectives, des malades, ont plus de difficultés que l’homme à séparer le sexuel de l’émotionnel et de l’interpersonnel. Les hommes, eux, assument souvent le rôle de valider, ou non, le passage d’une relation sexuelle à une relation affective. La liberté sexuelle a, contre toute attente, permis aux hommes de mieux dominer les femmes sur le plan sexuel et émotionnel. »

 

Voilà comment, nous les femmes, sommes devenues victimes de nos victoires, prisonnières de nos nouvelles libertés… 

 

Mais, alors, est-ce vraiment la fin de l’Amour ? 

Doit-on continuer à se résoudre à juste faire l’amour puisqu’on n’arrive plus à Aimer ? 

Ou peut-on espérer de l’Amour plus que quelques minutes d’extase ? 

 

Aimer à l’imparfait

 

Derrière ce constat, la question qui se pose est de savoir si on peut véritablement Aimer en étant imparfaits ?

Parce que l’Amour, on ne l’a pas délaissé faute d’essayer, mais à défaut d’y arriver.

 

Dans notre quête de l’Amour, nous n’avons pas à capituler entre résignation et auto-condamnation.

Reconquérir l’Amour est à notre portée, même en étant imparfaits. 

 

Car on n’a pas besoin d’être parfaits pour Aimer, on a besoin d’être connectés. 

Connectés à sa source. 

 

Comme le disait Anaïs Nin : 

« L’amour ne meurt jamais de mort naturelle, il meurt parce que nous ne savons pas revenir à sa source. »

 

L’Amour à sa source

 

Oui, redécouvrir l’Amour à sa source :

  • Apprendre que l’Amour n’est pas un standard impossible à atteindre mais un chemin sur lequel nous pouvons avancer, trébucher, apprendre et nous relever
  • Se surprendre qu’il ne soit pas un juge intraitable qui châtie tous nos manquements, mais un modèle qui nous inspire et nous donne la capacité de l’imiter.
  • Découvrir que l’Amour ne se satisfait pas du “faire”, car il veut investir tout notre “être” pour jaillir sur notre vie entière
  • Et alors accueillir l’Amour pour en faire la force directrice de nos vies, le leitmotiv de notre existence

 

Ainsi connectés à la source de l’Amour, nous pouvons non seulement faire l’amour éperdument, mais aussi marcher dans l’Amour, le vivre pleinement, cheminer avec lui dans le renouvellement constant

Face à nos déboires sentimentaux qui nous accusent au-dedans, nous pouvons répondre que nous ne sommes pas disqualifiés dans notre quête pour autant.

Même séparés, nous pouvons dire à nos enfants que l’échec n’est jamais définitif, ni héréditaire. 

Et à l’être aimé, nous pouvons fredonner, confiantes, “Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai”. 

 

Car l’Amour ne meurt jamais.

 

2 Comments

  • On dirait une chronique de Carrie Bradshaw dans sex an d the city ! Mythique ! sublimement écrit et avec une recherche documentaire, sociologique importante ! Bravo ma belle, envole toi développe toi tu as tous le potentiel pour !

    • Wow, quelle comparaison, j’aime ! Merci pour ton retour et tes compliments, ma belle ! ça me va droit au coeur, encore plus venant d’une femme inspirante comme toi <3

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