Le jour où j’ai intégré la théorie de la relativité

Je n’ai jamais eu l’esprit très scientifique…

La théorie de la relativité particulièrement a toujours semblé vouloir échapper à ma compréhension.

Et puis, Bébé est arrivé…

Et ce qu’Einstein n’avait pas réussi à me faire assimiler, mon quotidien l’a expérimenté à travers un petit être encore illettré.

Aujourd’hui, l’esprit toujours aussi peu scientifique, mais bien moins théorique, j’aimerais vous partager comment un nouveau-né peut enseigner la théorie de la relativité.

 

Changer notre rapport au temps

 

Parce que pour Bébé le temps passe différemment, nous apprenons à nous faire à son rythme cyclique, à nous caler sur la cadence de l’allaitement, à nous adapter à ses courts laps de concentration, à soumettre notre autonomie à la dépendance du nourrisson.

 

Grâce à Bébé, nous apprenons à donner notre temps sans compter, à entonner en boucle une chanson, à bercer jusqu’à endormissement, à laver-utiliser-renettoyer les bodys comme les biberons, à offrir encore et encore – un regard, un sourire, toute notre attention.

 

Rompre avec les multiples injonctions

 

Avec l’arrivée de Bébé, l’impératif de productivité laisse place à un quotidien sans agenda timé à la minute près, nous apprenons à ne plus conditionner la réussite de nos journées à des to-do list entièrement cochées, à nous activer sans avoir nécessairement à la fin de sensation d’accomplissement, à regarder les petits instants insignifiants du quotidien comme autant de sources d’émerveillement – un simple sourire, une mimique furtive, un nouveau développement.

 

A l’encontre du devoir de ponctualité, la maternité nous demande de parfois accepter l’imprévu et le retard, la couche qui se remplit au moment de partir, le chagrin qui réclame le temps d’être réconforté quand nous sommes pressées, le besoin de l’enfant avant notre souci de ponctualité.

 

Apprendre à relativiser

 

A travers la maternité, nous nous surprenons à repousser notre seuil de tolérance, à endurer des effluves de couches pleines que notre nez n’aurait pas pensé pouvoir supporter, à encaisser des décibels de larmes qui excèdent les niveaux sonores autorisés dans les plus grosses salles de concert, à répondre à des appels à l’aide sans rationalité quand tous les besoins semblent avoir été cochés, et même, avec le temps, à relativiser les douleurs de l’accouchement.

 

L’enfant nous fait aussi revoir nos priorités, réorganiser notre temps comme reconsidérer nos multiples investissements, minimiser ce qui apparaissait alors important pour nous focaliser sur ce qui aujourd’hui mérite notre attention.

 

Désormais armées de cette capacité à relativiser, nous pouvons nous en faire bénéficier  soi et mutuellement entre Mamans : accepter nos limites, dédramatiser nos manquements et abandonner en chemin nos désirs de perfection.

 

Alors pour vos fuseaux horaires hors du temps,

pour votre insouciance face aux pressions,

pour vos enseignements et, sur nous, vos pouvoirs de changement,

 

Merci à vous, nos chers enfants.