Elle est perchée comment votre vie ?

La vie moderne peut s’apparenter à une grande partie de chat perché.

Tout le monde est entré dans le jeu, alors, en quête d’appartenance, on a aussi voulu se joindre à la frénésie générale.

On court tous un peu partout – après le métro, le boulot, avec le strict minimum de dodo – le but étant de ne pas se laisser rattraper par le temps.

Le métronome de la société bat la cadence infernale. On s’y plie, peu importe qu’il faille bousculer notre rythme personnel ou faire taire l’horloge biologique.

Comme une course constante contre la montre, on repousse la nuit, on avance le jour, on défie les lois de la nature. On arrête les aiguilles pour contrôler l’horloge, oubliant que la terre, elle, continue invariablement de tourner.

Comme le temps c’est de l’argent, le contrôler, c’est s’assurer la prospérité, peu importe qu’on n’ait pas le temps de le dépenser.

Par envie de reconnaissance, on a accepté de jouer selon des règles faussées, celles d’une société hyperactive qui nous dit qu’on est importante à hauteur de ce qu’on est occupée.

Grisée par la poussée d’adrénaline, on court de plus belle.

Jusqu’à ce que la cadence commence à s’emballer…

 

 

Quand le jeu devient ©Risk…é

 

Au début, le jeu était plaisant : on acceptait, presque flattée, toutes les opportunités qui se présentaient comme autant de nouveaux territoires à conquérir.

On était sûre d’avoir la stratégie gagnante en optant pour la tactique de l’expansion : un escadron d’énergie en Scandinavie, une troupe de temps au Moyen-Orient, et notre dernier soldat en Alaska.

Et puis petit à petit, le plaisir est devenu corvée, le sentiment d’importance a laissé place à celui d’impuissance, et le mythe de l’illimité a fini par se heurter à la douloureuse réalité : celle de notre finitude.

On s’est positionnée sur tout le plateau de jeu, et finalement on se sent véritablement présente nulle part. A force de s’étendre, on s’est éparpillée.

On pensait pouvoir gérer les batailles les unes après les autres, et nous voilà soudain sollicitée sur de multiples fronts en même temps, dépassée.

A vouloir couvrir tout le globe, on en a même fini par en oublier quelle était la mission personnelle qui nous avait été assignée.

Maître du temps, on a perdu le contrôle sur nos vies.

 

Redevenir maître du jeu

 

Si vous vous reconnaissez dans la description, il est plus que temps de vous accorder une pause.

Alors dégainez votre doigt – rongé par le stress et qui a eu droit à sa dernière séance de manucure au mariage de la cousine Joséphine l’été dernier – et criez « Pouce ! »

Prenez un peu de hauteur au-dessus de toute cette agitation. Accordez-vous un temps d’arrêt pour reprendre haleine, pour vous rappeler ce que vous aimiez dans le jeu avant que ça ne devienne une course effrénée sans but ni plaisir.

Décidez de vous recentrer sur votre mission de vie et d’ajuster en fonction vos alliances et vos stratégies, au besoin en renonçant à quelques territoires accessoires pour mieux protéger vos positionnements essentiels.

Comptez-bien vos jetons pour en faire un sage usage, désormais guidée par ces principes de réalité durement appris – à savoir que votre temps et votre énergie ne sont pas illimités, et que travail et repos doivent se succéder.

Apprenez à contrarier – cette personne qui sait éveiller en vous un sentiment de culpabilité pour vous faire accepter une nouvelle fonction, cette idéologie qui veut résumer votre valeur personnelle à vos activités, et même votre égo qui vous fait croire que sans vous le monde pourrait s’arrêter de tourner.

Et maintenant que vous êtes prête à reprendre la partie, décidez que dorénavant vous jouerez selon vos règles.

 

Car au jeu de votre vie, c’est désormais vous qui êtes maître.