Comment MacGyveriser votre couple ?
Au début de la relation de couple, les différences attirent. Inconnues, elles séduisent, nouvelles, elles fascinent.
Les yeux remplis d’étoiles, on s’éveille à l’autre. Il s’émerveille devant tout ce qu’elle est qu’il n’est pas. Elle ne tarit pas d’éloges sur les multiples qualités qu’elle-même n’a pas.
Aux premières frictions, on relativise « Bah, c’est pas bien grave, c’est ce qui fait son petit charme… ». On se rassure que tout cela n’est que normal « Ne dit-on pas que les opposés s’attirent ? ».
Optimistes, on parie sur l’avenir « Je vais m’habituer avec le temps » dit-il – c’est-à-dire, traduit en langue féminine « Je parviendrai bien à le faire changer… »
Et puis le temps passe, le quotidien s’installe et ces fameuses différences qui se tenaient sagement en vitrine, presque décoratives, semblent avoir monté le camp sur le tapis du salon.
D’abord attirantes, elles sont devenues encombrantes, voire carrément exaspérantes.
Le « J’aime tellement ta zenitude » amoureux s’est transformé en un « j’en peux plus de ta passivité ! » franchement agacée. Ou de « débordant d’énergie et de projets », il est devenu « d’une hyperactivité éreintante ». Et alors qu’il louait son « côté organisé », il se plaint aujourd’hui d’étouffer dans « cette vie trop rangée ».
Mais s’écharper sur ces différences qui nous avaient d’abord charmés n’est pas une fatalité.
Entre séparation, dénaturation et friction constante, il existe une voie alternative, fondée sur une bonne théorie mathématique et beaucoup d’heures de pratique de bricolage à deux, qui permet aux différences de devenir une profonde source d’enrichissement pour le couple.
A la base de l’équation amoureuse
Par essence, la relation de couple c’est l’union de deux individualités distinctes.
Elle est certes le lieu unique où des équations magiques prennent place : la fusion du « toi + moi = nous » et plus tard le « 1+1 = 3 » créateur.
Il n’en demeure pas moins qu’à la base de la formule, les deux entiers « toi » et « moi » sont irréductibles : elle n’est pas lui, et il n’est pas elle.
Accepter cette vérité mathématique comme le postulat de départ du couple permet à la relation de s’épanouir comme un lieu de sérénité et de liberté.
L’amour peut alors se risquer à aller explorer de nouvelles profondeurs : quand il l’aime telle qu’elle est, elle peut expérimenter l’inconditionnalité ; quand elle le respecte dans toute sa singularité, il peut oser l’authenticité.
Mais sans pratique le principe algébrique reste théorique.
Alors comment faire au quotidien pour que la chimie qui s’était opérée entre les deux entités ne laisse pas place, telles l’eau et l’huile, à un mélange obstinément insoluble, ou à une solution dangereusement explosive ?
Y’a quoi dans votre boite à outils ?
On peut manier ces différences dans le couple comme autant de pics qui blessent, ou de cases qui enferment.
On peut aussi faire le choix de les placer dans une boîte commune : la « boîte à outils du foyer ».
Dans cette perspective, les différences deviennent des outils de renforcement du couple plutôt que les instruments de sa fragilisation.
On étale tout son attirail en commun et on choisit ensemble l’ustensile le plus adapté « Chéri, on prend quoi cette fois-ci, la rondeur diplomate de ton couteau à beurre ou la précision tranchante de mon cutter ? ».
Les différences sont valorisées comme autant d’outils venant compléter l’atelier du couple et démultiplier ses capacités. Seul, on se contente d’un modèle de tournevis unique ; à deux, on élargit la collection autant que les potentialités pour pouvoir répondre à tout type de configuration : les têtes plates pour gérer les contextes binaires et les cruciformes pour ceux plus complexes.
On fait face l’un avec l’autre, et non plus l’un contre l’autre, aux situations difficiles de la vie. Plus question de les laisser s’immiscer dans le couple pour le diviser : placés devant, on décide d’en faire un défi partagé, un obstacle à surmonter en faisant bloc ensemble, cet ouvrage commun que l’on sera fiers d’avoir édifié comme des équipiers soudés. « Attention à toi, Défi : l’ennemi c’est toi, mon conjoint c’est mon allié et autant te prévenir qu’à nous deux, on est lourdement armés. »
On manie la complémentarité avec dextérité : sa vision d’architecte à elle pour la vue d’ensemble, son œil pointilleux à lui en contrôleur des travaux finis. Chacun intervient sur le chantier tour à tour en fonction de son domaine de compétence respectif.
Mieux, on expérimente l’interdépendance : de même que la force du marteau ne serait rien sans la pointe saillante – et inversement – on apprend à travailler en duo et on se surprend à constater combien on fonctionne mieux à deux.
Le couple MacGyver
Plus besoin alors de jouer la toute-puissance épuisante ou l’autosuffisance inatteignable : on peut être pleinement soi, avec nos forces comme nos faiblesses.
Elle peut admettre ce qu’elle n’a pas et se reposer sur ce que lui a. Il ne lui reproche plus qui elle n’est pas, mais est heureux de l’être lui à ses côtés.
Les différences sont optimisées, chaque individualité respectée et estimée, l’équipe soudée.
Du modèle de base de couteau Suisse, on a upgradé à celui aux multiples fonctionnalités.
Voilà le couple MacGyver outillé et aguerri pour faire faire face, uni, aux multiples opportunités et défis de la vie.
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11 Commentaires
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Johanna
Merci Victorine, je suis touchée 🙂
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mel
Pas encore mariée ou même fiancée, j’emmagasine les conseils qui me serviront un jour.
Que Dieu te bénisse, ton blog est super!
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Johanna
Yes, ça s’appelle prendre de l’avance 🙂 Merci pour tes encouragements, Mel !
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Yolande
Génial Johanna ! Si vrai ! Mais quel apprentissage 😉
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Johanna
Oui, un véritable choix au quotidien que d’utiliser nos différences comme boîte à outils constructive ! Merci pour ce retour encourageant Yolande !
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Stéphanie
Un article bien écrit, empreint de grandes vérités si simples et à la fois compliquées à saisir dans la pratique au quotidien ! Cependant, la bienveillance de l’auteur qui s’en dégage et la subtilité des mots choisis (tout en rimes) nous encouragent à faire de ces si grandes différences, une force inébranlable ! Et avec une bonne dose d’amour, un couple durable…
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Johanna
C’est tout à fait l’idée ! Merci pour ton retour Stéphanie 🙂
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Meliane
Rolalala, j’aime ton approche, je n’ai pas encore fini de lire tout l’article. Mais il est tellement bien écrit, que je cours, je cours, je bois, je bois tes paroles tel une perdue en plein désert qui a trouvé un oasis.
1- je partage le max pour que plusieurs amies et soeurs soient touchées.
2- Je prie pour que Notre Père continue de t’utiliser et bénir plusieurs femmes
3- Je file terminer l’articleQuel talent! Chapeau bas cher ecrivain.
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Johanna
Oh que de compliments, merci Méliane, je suis ravie que ça te plaise ! Merci pour ta communication autour de toi, c’est précieux !
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Les commentaires sont fermés.
victorine
j’adore votre article surtout votre façon de vous exprimer.