Le Blues de la Maternité
On parle beaucoup du « Baby blues » autour de la maternité.
Expression qui a le mérite de désigner une phase que les Mamans peuvent traverser après leur accouchement…
… Mais qui peut aussi avoir le don de hérisser tant elle décrit mal la réalité de la situation !
Non, parce qu’elle laisse à penser qu’il s’agit là d’une légère mélancolie, douce, presque agréable, quelques petites notes de musique jazzy égrainées dans le quotidien de la nouvelle Maman…
En vrai, c’est pas le blues qu’on a !
C’est toute une fanfare cacophonique qui investit tout d’un coup notre foyer ! des cymbales de larmes aigues pour exprimer la douleur, aux graves des pleurs rageurs d’un petit estomac affamé, nous voilà à devoir déchiffrer une partition en clé d’ut !
Comme une Rave party qui vient squatter notre quotidien, imposant ses beats répétitifs – la cadence sans fin du bibi-popo-ouinouin-dodo – et ses lumières éblouissantes – le réverbère qui éclaire la nuit comme nos réveils nocturnes, la veilleuse qui tamise le sommeil de Bébé et nous tient nous éveillées à son chevet, et parfois même les phares de la voiture transformée en berceau improvisé.
D’un coup, nous avons été promues Chef d’orchestre d’une symphonie de défis qui semblent impossibles à accorder : corps post-accouchement convalescent, totale dépendance du nouveau-né, carence de sommeil que même les nuits blanches de nos années étudiantes n’ont pas frôlé, duo du couple envahi par un tiers à la fois sien et à la fois inconnu…
Finalement, qu’on mette l’étiquette « Baby blues » dessus ou pas, chaque nouvelle Maman expérimente des bouleversements profonds, bien tangibles, qui dépassent la simple fluctuation d’hormones !
Ceci dit, dans l’analogie musicale, il y a aussi du vrai.
Si on prend le temps de réfléchir à la métaphore, on peut y découvrir ce qu’elle dit de vrai. Et extraire quelques bons principes à expérimenter :
- Nous avons le droit aux fausses notes, aux cordes qui crissent sous nos doigts novices, aux maladresses de débutant, à l’apprentissage au jour le jour de ce nouveau rôle de Maman.
- La partition peut se jouer à plusieurs : à 4 mains pour celles qui ont la chance de vivre l’aventure en duo avec le Papa, et même à 6, 8, 10, – Mamie, Papi, Tonton, Tatie, la copine ou la nanny – bref, autant de mains que de besoins !
- C’est ok d’éprouver un mélange de sentiments : les pleurs de joie et de fatigue, l’émerveillement comme l’exténuement, un élan d’amour débordant et juste après la coupe qui déborde, le sentiment d’être dépassée et l’expérimentation du dépassement de soi.
- Même si la danse semble trop endiablée au début, on finit toujours par trouver le tempo, par se caler progressivement avec la nouvelle cadence, s’habituer au rythme syncopé, et même se surprendre à apprécier que la valse ordonnée de notre vie, à la venue de nos enfants, se soit coupée-décalée.
💃🏽 Alors sur cette musique de la maternité,
entêtante autant qu’entraînante,
je décide de danser ! 💃🏽
9 Commentaires
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Mïssprys
Wahou superbe description. En plus la touche musicale est à la fois originale et vraiment adaptée pour le coup ! 🙂
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Johanna
Merci, Chère Mïssprys ! Chez toi, ça devait être musical au sens figuré, comme au sens propre 😉
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Patrick BONNEAU
Cacophonie sans cacaphobie. C’est exquis. Valse de mots. rigolos. On se laisse emporter, sans oublier la réalité.
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Johanna
Merci pour ton retour, Patrick ! Je vois d’où me vient mon amour des mots, hihi 😉
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Eric Fodjo
Johanna. C’est très bien décrit avec des mots vrai et un grand sens de la réalité. Ainsi , tu enlèves la culpabilité des mamans débordées par la naissance de leur petit être bien aimé. La vie est un miracle dont Dieu seul a le secret. Les parents sont là pour accompagner ce don de Dieu qui a vu le jour. C’est difficile, compliqué, fatiguant, harrassant mais c’est le don de Dieu dans nos vies. Prenez le tel quel et cela vous permettra d’affronter toutes les difficultés.
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Johanna
Merci pour ton retour, cher Eric. Tu as très bien saisi l’esprit de ce texte – nous déculpabiliser en tant que Mamans pour que nous puissions apprécier cette nouvelle saison 🙂
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Edlyne
C’est un bel article, c’est super ce que tu as écris. J’ai vécu la naissance de mon premier enfant comme un echec, d’une part à cause de mon âge et de l’autre parce que j’etais seule.
L’organisation des deux premiers mois etait compliqué et la charge devait pesante physiquement et moralement entre savoir si c’est l’heure de manger ou si il n’a pas faim ben il a mal au ventre ou alors sa couche est pleine. Et puis on pense à la grossesse quand c’était plus simple et qu’on imaginait avoir tout ca de responsabilité. Mais au final je ne regrette pas Dieu m’a donné la force et la motivation et ma mère était la.
A bientot-
Johanna
Merci pour ton partage d’expérience, chère Edlyne ! Eh oui, la partition de la maternité est bien difficile à déchiffrer quand on débute, mais avec de la pratique et de la bienveillance avec soi-même, on finit par prendre plaisir à cette nouvelle musicalité 🙂
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Les commentaires sont fermés.
Johanna
Et pour vous, ça sonne comment la Maternité ?
Comme un morceau de blues mélancolique ? une fanfare cacophonique ? une rave party abrutissante ? ou plutôt comme un coupé-décalé entraînant ?
N’hésitez pas à partager en commentaire, que ce soit votre vécu ou vos appréhensions de ce que peut être la maternité !